A 14 ans, je me passionne pour la peinture et le dessin. Je vais tout seul visiter les musées, je commande mon matériel et le prépare moi-même. Plus tard, je suis des cours de dessin et de peinture à l’Université de Chicago où j’obtiens A, la note maximum. Parallèlement je fais des études de Science Po, et participe à un film collectif, puis je vais à New-York suivre des cours intensifs de film, radio et télévision.
Au début des années 60, j’ai le choix entre travailler à Hollywood grâce à un cousin monteur, ou aller peindre à Paris, subventionné par un oncle. Je choisis Paris où je rencontre ma future femme, citoyenne Polonaise vivant à l’étranger, chose rare à l’époque. Après¬s l’audiovisuel. Au début vendeur de films, je me tourne rapidement vers la réalisation et la production pour la télévision. La plupart de mes films sont des documentaires engagés dont certains ont eu beaucoup de mal à exister. Je me souviens en particulier de « Devine qui ne vient pas dîner ? », sur l’utilisation de la faim comme arme politique, qui a attendu trois ans sa diffusion sur TF1 (service publique), d’un de mes films sur la Nouvelle-Calédonie sans cesse programmé puis déprogrammé sur RFO et d’une série sur les dictatures que j’ai produite et partiellement réalisée en 1992 pour France 3. Elle a été prématurément interrompue alors que Yves Montand qui a toujours refusé de travailler pour la TV, était d’accord pour y participer.
Peu importe, j’ai toujours créé par envie, non pour construire une carrière.
Avec ma nouvelle compagne, Pauline Istria, nous avons créé Vision Internationale, puis Vision Internationale Corsica, deux sociétés de production consacrées à des documentaires tournés vers l’ailleurs : la Corse et la Nouvelle-Calédonie, l’Australie des aborigènes, la Réunion, l’Afrique de l’Ouest, la Palestine, Hawaï…
Entre deux films, je peignais – souvent en Corse – et je dessinais – plutôt à Paris – avec le même état d’esprit libertaire que pour mes films. En 60 ans, j’ai accumulé des centaines de toiles et milliers de dessins sur des supports et avec des techniques variées.
Je n’ai pas de théorie sur mon œuvre, je n’y vois pas de thèmes de prédilection ni de « périodes ». Je crée comme je respire : rapidement et sans réfléchir, mais c’est un besoin aussi vital pour moi que de respirer.
Pourquoi avoir attendu tant d’années pour exposer ? Sans doute parce que j’étais trop occupé par mon travail de cinéaste, mais aussi parce que je voulais que si exposition il y avait, elle soit aussi travaillée, aussi préparée qu’un film. Je n’y étais pas prêt jusqu’ici, mais aujourd’hui j’ai envie de montrer ce qui m’a pris toute une vie tant que je suis encore vivant.