Equipé d’une batterie de micros et d’un ordinateur portable, Christian Holl parcourt le monde pour enregistrer cris, bruissements et résonances. Avec ce matériel sonore, il crée des mélodies venues du fond des âges. Peu à peu un morceau naît : c’est l’hymne d’une terre, des hommes, des animaux et des plantes qui l’habitent.
Qu’il s’agisse d’histoire, de botanique, d’anthropologie, d’art ou de spiritualité, ses périples ouvrent la voie à de nouvelles connaissances, à travers des rencontres inédites. Les habitants, les musiciens familiers des lieux, les scientifiques qui croisent son chemin apportent éclairage et profondeur à la découverte des sites qu’il visite.
Observateur et inventif, Christian a mis au point des techniques de prises de son novatrices. A l’aide de nouveaux micros et de divers moyens techniques qu’il utilise, il peut enregistrer au coeur même de la matière minérale, végétale et animale. Des sons réels dont il sait trouver la mélodie, car il est avant tout un compositeur à l’écoute de la nature, de la vie dans son essence même ?
Pour le plus grand étonnement des populations qu’il rencontre au gré de ses périples, il transforme tout ce qui l’entoure en instrument : les épines d’un cactus gorgé d’eau deviennent une sanza ; les majestueuses aiguilles calcaires des "tsingy" de Madagascar un gigantesque xylophone ; le battement du coeur d’un varan de Komodo peut également s’inscrire dans une rythmique animale. Chaque élément qu’il croise sur sa route est un instrument qui s’ignore. Ainsi, non content de nous faire entendre les lieux qu’il traverse, il amène aussi leurs habitants à découvrir le potentiel poétique caché de leur vie de tous les jours.
La mélodie composée à partir de ces éléments est enrichie d’une partition traditionnelle (cordes, percussions, voix d’autochtones enregistrées dans le pays etc.). Le résultat forme toujours une composition harmonieuse, car Christian ne veut pas tomber dans le piège d’une musique expérimentale.
La musique est le médium par excellence pour communiquer quand on ne parle pas la même langue. Grâce au chant, à un petit air de flûte, à des promenades à travers la savane avec des « bushmen » à la recherche d’insectes ? Christian tisse des liens plus intenses avec ces hommes et ces femmes qui sont restés sensibles aux valeurs du monde de l’esprit. C’est lorsque cette humanité échange ces apparentes futilités qu’un vrai dialogue commence à s’établir au-delà des différences.