Les Intervenants de l'Agora

Raoni

Raoni

Raoni. A lui seul ce nom évoque tout le mystère et la puissance du peuple Kayapo dont il est l’un des guides. Obstiné et insoumis, ce chef charismatique poursuit depuis quatre décennies une croisade pour tenter de sauver la forêt amazonienne qui l’a vu naître. Père fondateur du mouvement pour la préservation des dernières forêts tropicales, patrimoine inestimable pour l’humanité tout entière, il a risqué maintes fois sa vie pour cette noble cause.

Au-delà de l’Amazonie, Raoni est le symbole vivant du combat que mènent les dernières tribus du monde pour protéger une culture millénaire, en connexion directe avec la nature : une lutte pour la vie. Plusieurs centaines de générations séparent de notre époque les us et coutumes de ces populations menacées. Raoni a franchi ce gouffre immense durant sa seule existence, tout en conservant son stoïcisme et sa dignité. Il a rencontré les puissants de la planète mais vit dans une simple hutte et ne possède rien.

Nul ne sait précisément quelle année, ni quel jour Raoni a vu le jour. C’était probablement au début des années 1930, peut-être en 1932. Ce que l’on sait en revanche c’est qu’il est venu au monde dans un village nommé Krajmopyjakare, lieu qui est aujourd’hui appelé Kapôt, au cœur du Mato Grosso..

Son enfance est marquée par des déplacements incessants, les Kayapo étant très nomades. C’est à l’âge de 15 ans que Raoni commence, sous les directives de son frêre Motibau, à installer son labret, ornement porté sur la lèvre inférieur, marque de reconnaissance des guerriers indiquant que celui qui le porte est prêt à mourir pour sa terre. La taille du labret augmente peu à peu pour atteindre sa taille finale au bout de 4 mois.

C’est en 1954 que Raoni rencontre les Frères Villas Boas, célèbres indigénistes brésiliens. Auprès d’eux, il commence à apprendre le portugais et à prendre conscience du monde extérieur, celui des « kuben », les blancs. Il va rester une année entière auprès des frères Villas Boas. Peu avant sa mort, il rencontre le légendaire Maréchal Candido Rondon, un métis qui a ouvert l’Amazonie à la colonisation avec pour dogme "plutôt mourir que tuer un indien". L’homme restera une grande inspiration pour le jeune guerrier.

Raoni, Amazonie, indiens Kayapos

A la fin des années 50, il rencontre son premier Président du Brésil, Juscelino Kubitschek. Puis, en 1964, il croise le chemin du roi Léopold III de Belgique, en expédition dans la région. Il est alors déjà clairement engagé dans la lutte pour la préservation des territoires de ses ancêtres.

Dans les années 1970, la création de la route transamazonienne BR-230, véritable balafre au milieu de territoires indigènes en pleine forêt vierge, entraîne de graves conflits dans la région du Xingu. Comme le relève un film documentaire qui porte son nom, présenté à Cannes en 1977, Raoni est à l’avant-garde de ce qui ressemble alors à une véritable guerre déclarée aux derniers indiens libres par un Brésil en recherche de croissance économique. Par son charisme et le respect qu’il impose, il parvient souvent à empêcher les autres guerriers de son peuple à massacrer les envahisseurs. Son combat rencontre un premier écho à l’international lorsque Marlon Brando accepte, deux ans plus tard, d’être filmé pour l’introduction d’une version anglaise de ce même documentaire. Embarassé, le Brésil n’a alors d’autre choix que de reconnaître Raoni, qui devient l’Indien le plus célèbre du « pays-continent ». Il prend alors conscience que la médiatisation lui permet de propager les inquiétudes du peuple Kayapo vis à vis de la déforestation qui menace son environnement.

En 1989, avec l’aide du chanteur Sting venu à sa rencontre fin 1987, Raoni quitte le Brésil pour la première fois et lance, dans 17, pays un appel à l’aide. Relayé par la plupart des télévisions celui-ci va contribuer à éveiller les consciences : la déforestation ne détruit pas seulement les dernières tribus indiennes, elle risque de compromettre notre avenir à tous.

12 Fondations Rainforest sont alors créées, avec comme premier objectif de récolter des fonds pour aider à la création, en Amazonie, dans la région du XINGU, d’un parc national d’une superficie d’environ 180 000 Km2 (un tiers de la France environ).

Mission accomplie en 1993, suite au formidable engouement suscité par sa venue. Ce parc, situé sur les Etats du Mato Grosso et du Para, est aujourd’hui l’une des plus grandes réserves de forêts tropicales de la Terre. A la suite de cette campagne, le G7 va débloquer les fonds nécessaires à la démarcation de toutes les réserves indigènes existantes à ce jour au Brésil.

Le Président Mitterrand, le premier, a soutenu l’initiative de Raoni ; son appui a apporté un formidable élan à cette croisade mémorable. Vont suivre, entre autres, Jacques Chirac, le roi d’Espagne Juan Carlos, le Prince Charles et sa sainteté le Pape Jean-Paul II…

Raoni en 1976

En 2000, au moment ou le monde s’interroge sur les grands défis que l’humanité doit relever pour le nouveau millénaire, Raoni revient en France, après 11 ans d’absence, au moment même où le Brésil célèbrait le 500° anniversaire de sa découverte et annonce officiellement la poursuite de la déforestation pour répondre aux commandes extérieures en bois précieux. Il obtient le soutien du Président Jacques Chirac pour son projet d’Institut Raoni, un concept phare pour préserver une immense zone de forêt tropicale au cœur de l’Amazonie brésilienne. Malgré une étude de faisabilité financée par la France et de grandes espérances, le projet est finalement gelé suite aux événements du 11 septembre 2001.

C’est le projet d’un immense complexe de barrage, celui de Belo Monte, qui menace directement le territoire qu’il eu tant de mal à protéger, qui fait sortir Raoni de sa réserve en 2009. il décide alors d’entreprendre une ultime campagne pour rechercher du soutien en Europe et relancer l’Institut Raoni, avec le soutien du fidèle ami Jacques Chirac.

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Rencontre exceptionnelle avec le chef Raoni

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