Anne Dambricourt Malassé :
Anne Dambricourt Malassé est chercheur au CNRS, attachée au Muséum national d’histoire naturelle où elle anime un enseignement de l’Ecole doctorale. Formée à l’Ecole de Paléoanthropologie du Muséum dans la lignée des paléontologues Pierre Teilhard de (...) Lire la biographie complète
La science du 21ème siècle face à la "loi" de complexité/conscience de Pierre Teilhard de Chardin, entre grandeur et décadence.
Le réchauffement climatique a un effet salvateur, celui d’éveiller la notion d’évolution dans la conscience collective à l’échelle planétaire, Teilhard de Chardin aurait volontiers prononcé quelques mots sur "la terre phosphorescente de pensée". Le climat d’alerte, de sensibilisation voire d’indignation, les mouvements collectifs et massifs fédérés sur la toile internet, les réseaux sociaux, la communication instantanée et le désenclavement des minorités isolées, sont la manifestation d’une noosphère en pleine genèse.
Jamais l’humanisation des rapports humains n’avait atteint une telle échelle d’interconnexion et de diffusion d’informations, les mémoires virtuelles tendent à la saturation. Depuis le nucléus de la pierre taillée jusqu’au nucléaire bénéfique, nul ne niera la complexité croissante des connaissances technologiques pour le meilleur et pour le pire. La science a ses cas de conscience éthique, mais que dit-elle des origines de cette conscience réflexive ? Peut-elle interroger la nécessité de ses recherches fondamentales sans soulever les questions les plus humaines : pour quoi, pour qui ? Teilhard de Chardin a-t-il encore droit de cité dans la formalisation de de l’évolution entre un nihilisme masqué et des créationnismes irresponsables ? Où en est-on de la fameuse "loi" de complexité/conscience ? Entre grandeur et décadence, le front de l’humanisation avance aussi au coeur de la recherche fondamentale.